Présentation du thème 2 du 13 octobre 2024
La théorie de « l’habitus » renvoie dos à dos deux modèles de l’action opposés. D’un côté, le déterminisme sommaire qui enfermerait nos actions dans le cadre de contraintes imposées ; de l’autre, la fiction d’un individu autonome, libre et rationnel.
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Aristote se propose ici de rechercher le sens ultime de la vie humaine, le souverain bien, c’est-à-dire le bonheur.
Cette interrogation le pousse à s’interroger sur le genre de vie et les conduites les plus susceptibles de rendre heureux.
Dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote définit la vertu comme disposition acquise volontairement, consistant, par rapport à nous, dans la mesure, définie par la raison conformément à la conduite d’un homme réfléchi.
Puis, Aristote se concentre sur l’importance d’adopter un comportement continuellement vertueux, grâce à l’habitude de la pratique d’actes de ce genre.
Aristote affirme que le bonheur, qui se définit comme une activité conforme à la vertu, est la fin (télos) de la vie. Ainsi, l’homme bon est celui qui réalise correctement sa fonction naturelle (ergon), qui est d’exercer la partie rationnelle de son âme. Il s’agit de devenir véritablement un être humain grâce à un art (technè) spécifique, c’est-à-dire de développer ce qui en moi fait qu’on peut me reconnaître comme faisant partie de la communauté des êtres humains.
Or, la vertu est ce qui définit l’homme en tant qu’homme (et non en tant que charpentier, musicien, etc.).
Le mot « éthique » vient du grec ἦθος, êthos1, qui signifie « mœurs, coutume » ; l’éthique est alors la science des mœurs. Mais Aristote rapproche ce terme ἦθος d’un autre à la graphie voisine, ἔθος, éthos, qui signifie « habitude ».
Cette notion d’« habitude » est centrale dans l’éthique aristotélicienne (contrairement à la notion de mœurs), car elle sert à définir la vertu : « la vertu éthique est en effet un « état » du sujet qui est en quelque sorte la cristallisation de bonnes habitudes, qui s’implantent d’autant mieux chez l’individu qu’il les acquiert tôt dans sa vie ».
Summum bonum (« souverain bien » en latin) est une locution latine utilisée en philosophie pour décrire l’importance ultime (en), ou le bien suprême, qui est l’objectif final recherché par tout être humain. La summum bonum (expression du philosophe romain Cicéron) est généralement considérée comme une fin en soi, dont le principe fondamental repose sur une conduite morale qui conduit à la meilleure vie possible. En métaphysique, le souverain bien ou summum bonum exprime l’idée du Bien en soi.
In Wikipedia
L’habitus, une seconde nature
In Pierre Bourdieu, son œuvre, son héritage, éd. Sciences humaines
Dans le sens pratique, on trouve une définition limpide, présenté au pluriel et devenu canonique : « Systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c’est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente des fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre(…) »…
Qu’est-ce donc cette structure structurée qui se transforme en structure structurante ?…
L’habitus, c’est d’abord le produit d’un apprentissage devenu inconscient qui se traduit ensuite par une aptitude apparemment naturelle à évoluer librement dans un milieu. Ainsi le musicien ne peut improviser librement au piano qu’après avoir fait longtemps ses gammes, acquis les règles de la composition de l’harmonie. Ce n’est qu’après intériorisé les codes et contraintes musicales (les structures structurées) que notre pianiste pour alors composer, créer, transmettre sa musique (structure structurante).
L’habitus social est un ensemble savoirs et de savoir-faire, qui permet de se comporter avec naturel dans une sphères donnée de la société (milieu professionnel, sphère sociale, champ disciplinaire), d’adopter des stratégies différenciées en fonction de situations…
La théorie de l’habitus renvoie dos à dos deux modèles de l’action opposés. D’un côté, le déterminisme sommaire qui enfermerait nos actions dans le cadre de contraintes imposées ; de l’autre, la fiction d’un individu autonome, libre et rationnel
La théorie des champs
Le « champ » est l’autre notion centrale de la théorie de Pierre Bourdieu ; une définition simple : « Le champ est un microcosme autonome à l’intérieur d’un macrocosme social. »
Qu’on l’appelle « champ », « microcosme », « milieu », « domaine », le champ est un petit bout de monde social qui fonctionne de façon autonome.
Le champ est aussi comme un champ de force : lieu de lutte entre individus, entre clans, où chacun cherche à tenir sa place, se démarquer, à conquérir de nouvelles positions… Mais cette lutte de positions et de classement suppose une guerre sociale qui se mène aussi sur le plan symbolique…
Apparaissent les notions de «pouvoir symbolique » et de « violence symbolique ».
Méditations pascaliennes
In Pierre Bourdieu, son œuvre, son héritage, éd. Sciences humaines
L’ouvvrage débute par une critique de la raison scolastique qui est une dérive de la pensée académique qui consiste à s’illusionner sur l’autonomie du sujet et de ses idées. « L’illusion scolastique » consiste à croire que qu’il peut exister u art pour l’art, une philosophie comme pur travail des concepts, un travail scientifique désincarné… En fait les idées s’inscrivent dans des stratégies liées à une trajectoire, à un jeu de position au sein d’un univers donné. Est-ce à dire que, pour le sociologue, il n’existe pas d’autonomie, et que chaque pensée est définitivement engoncée dans ses conditions de production ?…
Cette autonomie tient à plusieurs conditions :
- d’abord à l’autonomie du champ (scientifique, artistique…) lui-même vis-à-vis des autres sphères sociales
- Ensuite à des conditions sociales précises qui favorisent ou non telle ou telle forme de création (ainsi la compétition entre laboratoire est une des conditions du progrès…).
- Enfin par un long travail d’analyse d’auto-élucidation des présupposés propres à une science, une théorie. En fait, pour atteindre l’universalité des idées, il est nécessaire de rechercher l’universalité des stratégies d’universalisation.
… Jürgen Habermas et John Rawls voudraient chacun à leur manière, dessiner les fondations d’une société à partir des règles de la raison ou de l’argumentation rationnelle. Or nous dit Bourdieu, tous deux prêchent par idéalisme et tombent dans l’illusion rationaliste.
La critique s’adresse à toutes formes d’individualisme méthodologique ou à la théorie du choix rationnel qui envisagent l’individu comme une sorte d’être asocialisé, qui guiderait sa vie par les seules sources de la raison. Mais P. Bourdieu écarte tout autant la position inverse, celle d’un déterminisme implacable qui ferait de l’individu une sorte d’automate social, un « agent social » prisonnier de ses déterminismes.
Jürgen Habermas
John Rawls
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