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Avons-nous besoin d’un au-delà pour ne pas désespérer de nos existences ?

Présentation du thème 03 du 19 novembre 2023

Les textes ci-joints, extraits de l’ouvrage l’Odyssée du sacré, de Frédéric Lenoir, remarquable passeur, ne veulent avoir que la prétention d’être un amorçage stimulant, lequel incite à une lecture plus avant.

1– Ludwig Feuerbach : la religion comme aliénation anthropologique, page 384

Ludwig Feuerbach (1804-1872) est le premier grand représentant du courant matérialiste moderne, courant qui affirme que tout, y compris l’esprit -relève de la matière. Dans L’essence du christianisme, il entend faire une critique radicale de la religion en mettant au jour sa mécanique. Prenant le Christianisme en exemple, il développe la thèse selon laquelle les religions ne font que projeter sur Dieu l’essence même de l’être humain.. les attributs divins ne seraient en réalité que les plus hautes qualités humaines, telles que l’amour, la bonté, la justice, la sagesse,etc.

L’être humain ne peut reconnaître les qualités divines que parce qu’elles font partie de lui-même, de son essence. Il se dépouille de ses propres qualités pour objectiver Dieu. Tel est le mécanisme de l’aliénation anthropologique définie par Feuerbach. « Pour enrichir Dieu, l’homme doit s’appauvrir ; pour que Dieu soit tout, l’homme ne doit être rien […]. La religion est la scission de l’homme avec lui-même ; il pose en face de lui comme opposé à lui : Dieu n’est pas ce qu’est l’homme, l’homme n’est pas ce qu’est Dieu ; Dieu est l’être infini, l’homme est l’être fini ; Dieu est parfait, l’homme est imparfait ; Dieu est éternel, l’homme temporel… » En somme, l’être humain est mauvais, mais grâce à Dieu, il devient bon…

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Merci de penser à nous proposer vos textes

2 – Thierry Ripoll – Avenir d’une illusion ou persistance d’un besoin fondamental ? page 467

Même s’il le déplore, Thierry Ripoll pense que l’humanité demeurera religieuse, car notre système cognitif a des propriétés qui produisent naturellement la croyance en offrant de multiples avantages au niveau individuel :

« Elle est un puissant anxiolytique, elle donne un sens à la vie, elle fournit un horizon spirituellement magnifique, elle garantit une forme de vie après la mort, elle permet de ressentir une véritable relation d’amour entre soi et Dieu »

Il est indéniable que l’être humain a des prédispositions psychologiques à la croyance religieuse, couplées à un besoin infini de spiritualité. Celle-ci présente également des avantages au niveau collectif :  » Elle est socialement efficace en renforçant la cohésion à l’intérieur du groupe de croyants et en instituant un cadre moral contraignant mais nécessaire à la vie en société. »

Au contraire, l’athéisme ne popose aucun avantage individuel ou collectif. En plus d’être contre-intuitif, « il est conceptuellement complexe, existentiellement insupportable et émotionnellement douloureux », admet Thierry Ripoll. Ce qui n’a pas empêché le professeur de psychologie cognitive de trancher en faveur de l’athéisme.

Pour justifier son choix, il avance que la pensée religieuse nous prive de la vision d’un univers complexe et nous offre une représentation de Dieu dégradante en raison de l’anthropomorphisme dont il est affublé. Il encourage chacun à développer son système analytique – donc la raison -, afin que ce dernier prenne le dessus sur le système intuitif. « La formation à la recherche scientifique est le meilleur antidote à l’ensemble des croyances », conclut-il.

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