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La guerre, mal nécessaire des sociétés humaines ?

Présentation du thème 06 du 11 février 2024

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De nombreux extraits de textes de grandes œuvres philosophiques devraient être présentés en priorité : textes de Héraclite, Nietzche, Freud, Spinoza, Clausewitz, Gaston Bouthoul, par exemples.

A ce propos, nous renvoyons à une anthologie, à remarquer, établie par l’universitaire   Blaise Benoit,   rédigée à l’occasion des « Rencontres de Sophie », à Nantes (2019).

Mais le formatage de notre support informatique et la patience de nos lecteurs, nous imposent des contraintes ; le choix a dû être fait de suggérer :

– ce qui relève d’une période plus récente : nouvelles formes de guerre, les conflits au proche-moyen Orient

– la conception philosophique, moins ontologique qu’éthique d’Emmanuel Levinas.

Les quelques brefs textes présentés ici, qui expriment des points de vue très différents, ont été écrits par des universitaires. Ils ont été sélectionnés par Paul Pavageau, à titre personnel.

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Frédéric Gros, Paris, Gallimard – 2006, p.216-217

Les états de violence font apparaître …une multiplicité de figures nouvelles : le terroriste, le chef de factions, le mercenaire, le soldat professionnel, l’ingénieur en informatique, le responsable de la sécurité, etc.

Plus d’armée disciplinée, mais des réseaux dispersés, concurrents, de professionnels de la violence. Changement encore au niveau du théâtre des conflits…

Le nouveau théâtre de la guerre, c’est aujourd’hui la ville. Non pas la ville fortifiée, derrière laquelle on se retranche, mais la ville vivante des passants. Celle des espaces publics : marchés, gares, terrasses de café, métros… Celle des rues que des snipers isolés transforment en théâtre de foire pour   des divertissements atroces.

A la place des grandes colonnes de soldats qui avancent d’un pas réglé, et croisent des civils en exode vers l’intérieur des terres, on aura vu, encombrant les rues, des hordes de réfugiés

emportant de maigres bagages, fuyant le chaos vers des camps de regroupement au-delà des frontières. Au lieu du champ de bataille désolé, où des ennemis se mêlaient dans la mort comme par une communion ultime, on trouve des charniers de civils, massacrés à la hâte.

Temps et espaces, personnages et cadavres. Ce n’est là sans doute que le régime d’images de la violence armée qui se trouve transformé. Le pari philosophique serait de dire qu’autre chose que la guerre advient qu’on   pourrait nommer, provisoirement ,  «états de violence », par quoi ils s’opposeraient à ce que les classiques avaient défini comme « état de guerre » et aussi comme « état de nature ». Concept par provision, qui se soutient de la fiction philosophique d’une fin de guerre, l’état de violence connaît des principes de structuration spécifiques : principes d’éclatement stratégique, de dispersion géographique, de perpétuation indéfinie, de criminalisation qui tous s’opposent à l’état de guerre. 

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Sophie Nordmann, dans « Levinas et la philosophie judéo-allemande », (extraits)

La lecture   de ce texte est délicate, difficile : il s’agit d’y présenter  l’idée que « l’être, c’est la guerre ».

Il faut renouveler l’antique problème de  « l’être en tant qu’être », non pas en par la distinction être étant, mais par le besoin d’évasion. L’affirmation par laquelle l’être se pose comme être apparait comme un enfermement sans issue (Parménide : « l’être est »).

1 – Par quelle voie sortir de l’être ?

Dans la phénoménologie, Levinas saisit ce sentiment d’être rivé à une expérience particulière : la nausée, apparaît comme un cas où la nature du malaise apparaît dans toute sa pureté. Notre être dans sa totalité est atteint ; en même temps la nausée est enfermement et révolte. La nausée   découvre « la nudité de l’être dans sa plénitude et dans son irrémissible présence ».

A partir de l’analyse phénoménologique de l’expérience de la nausée…, Levinas écarte une autre voie de sortie de cette irrémissible présence de l’être : celle de la philosophie occidentale qui dans son idéalisme, découvre l’au-delà des choses, « les domaines de l’idéal, de la conscience et du devenir ». Néanmoins la philosophie occidentale s’arrête en cours de route.

2 – La philosophie occidentale propose une voie de sortie de cette irrémissible présence de l’être dans le domaine de l’idéal. L’idéalisme vise à dépasser l’être ; mais cet idéalisme s’arrête en cours de route donc : au-delà des choses qu’elle découvre, la philosophie occidentale, idéaliste, reste ainsi prisonnière de l’ontologie qui demeure son dogme fondamental. La philosophie occidentale reste prisonnière d’un principe élémentaire d’après lequel on ne saurait penser que ce qui existe ou est censé exister. L’idéalisme occidental est un programme de sortie de l’être qui échoue :

– parce que l’idéalisme sous-estime le poids de l’être

– et ne souhaite pas aller au-delà de l’être : « On n’envisage dans l’être que son existence ». On   ne saurait penser, ni éprouver   que ce qui   existe ou est censé exister

Toutefois Levinas aperçoit l’aspiration de l’idéalisme occidental, à dépasser l’être

3 – Sortir de l’être passe par une nouvelle voie

Le paganisme est une pensée qui pense le monde ; le judaïsme   dépasse le monde.

Le paganisme « n’est pas la négation de l’esprit, ni l’ignorance d’un Dieu unique…le paganisme est   une impuissance radicale à sortir du monde ».

Le judaïsme pense autre chose que le monde. Et pour Levinas, l’anti-paganisme n’est pas une opposition historique, ni une opposition de deux formes de « religions » : ce sont deux manières de se rapporter au monde. Le paganisme n’est pas ce moment de l’histoire qui correspondrait à l’antiquité, et duquel, nous serions sortis

Le judaïsme ouvre la voie d’une sortie du monde. Le judaïsme   n’est pas envisagé sous un angle historique, mais comme catégorie philosophique.

4 – Partir du Judaïsme ou du dasein ?

Le dasein n’est pas une doctrine philosophique, mais une catégorie centrale de la philosophie heideggerienne.  De même, le judaïsme renvoie à une catégorie philosophique

La catégorie philosophie du Judaïsme ; L’être occidental se distingue de l’être juif et de l’être païen.

L’être occidental, contrairement à l’être juif, ne parvient pas à sortir du monde

L’être occidental, contrairement à l’être païen, n’est pas pour autant enraciné dans le monde, mais il le surplombe. L’Occident signifie liberté de l’esprit, il est en position de surplomb. La philosophie occidentale n’est pas une sortie du monde et de l’être : elle surplombe le monde.

L’être juif est encadré par une double opposition : à l’être païen, l’être occidental. L’être juif accomplit cette sortie de l’être par un retour à une patrie située dans le Livre.

La loi du monde à laquelle le païen est rivé, c’est celle du Conatus essendi, la loi de  la persévérance dans l’être, la loi de la guerre, la loi des affrontements antagonistes, qui cherchent chacun à persévérer dans leur être. La loi du monde, c’est la loi de l’expansion dans l’être, l’espace vital.

La loi du livre est celle du commandement ; « tu ne tueras pas ». Ce commandement interrompt la loi du monde, et ouvre à un autre ordre que celui du monde. Ce commandement n’est pas de l’ordre de l’être, de ce qui est, mais de ce qui doit être. La loi du livre s’énonce à l’impératif : elle énonce ce qui est autrement. C’est un commandement éthique.

Cette éthique ouvre dans le monde la perspective d’un autre ordre que le monde de l’être.

« L’impossibilité de tuer n’est pas réelle, elle est morale » Ethique et esprit- Levinas.

…(Waouh) …

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