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Les Machines (thème des Rencontres de Sophie – Nantes)

Présentation du thème 07 du 8 mars 2026

Günther ANDERS, Jean Pierre DUPUY, Martin HEIDEGGER, Hans JONAS, tous ces auteurs ne convergent-ils pas pour affirmer que la technologie est une menace existentielle pour l’être humain ?

1 – L’anarchéologie – Wikipedia – Jean Vioulac

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Jean Vioulac- Wikipedia

Thématiques

Sa pensée, située dans la postérité de Marx et de la phénoménologie allemande, se consacre à analyser l’époque contemporaine définie comme crise[4], à partir de la question de la technique et du capitalisme[5], mais aussi à partir des thèmes nietzschéens de la mort de Dieu et du nihilisme.

Il aborde l’époque contemporaine à partir de la révolution industrielle, considérée comme la plus grande rupture de l’histoire de l’humanité depuis la révolution néolithique. Pour comprendre un tel bouleversement, il n’est plus possible de penser comme avant, et la philosophie elle-même est devenue obsolète[6]. Il faut donc la redéfinir entièrement.

Jean Vioulac redéfinit la philosophie comme anarchéologie : « Le concept d’anarchéologie est la détermination rigoureuse de la philosophie une fois qu’elle a surmontée sa configuration métaphysique ».

 La philosophie ne se fonde plus sur une théologie, elle ne cherche plus le principe (arkhê) dans la transcendance et l’éternité, elle devient archéologie et recherche dans l’immanence et le passé, pour découvrir l’absence de tout principe et aboutir à un principe d’anarchie : « L’anarchéologie est l’archéologie phénoménologique qui assume le principe d’anarchie et démantèle les institutions hiérarchiques pour révéler l’abîme au-dessus duquel elles s’installent et qu’elles avaient pour fonction de dénier [7]».

Ce point de vue révèle alors que la philosophie telle qu’elle s’était développée depuis les Grecs, comme métaphysique, s’accomplit aujourd’hui dans la cybernétique, c’est-à-dire le totalitarisme technologique, indissociable du capitalisme[8].

Dans Métaphysique de l’anthropocène (2023), Vioulac analyse philosophiquement comment, avec l’avènement du logos, l’homme a accentué sa différenciation du règne animal et la négation de son animalité, ce qui a fait de lui un « néganthrope »[9] et entraîné la destruction des espèces et, à terme, les possibilités de vie sur notre planète.

 En bref, l’homme est devenu l’agent de sa propre destruction. Ainsi « la catastrophe annoncée n’est pas prioritairement décrite comme un fait écologique, mais comme une vérité ontologique.

Autrement dit, ce qui nous arrive est avant tout l’accomplissement d’une certaine conception de l’être et du monde, qui agit comme le logiciel de notre civilisation.

Ce programme s’énonce magistralement dans la métaphysique de Platon, se retrouve théologisé par le christianisme, industrialisé par le capitalisme ou encore étatisé par les totalitarismes[10]».

Le second tome (2024) « éclaire les crises simultanées des conditions de la vie et des conditions de l’esprit », pour montrer comment la rationalité objectivée dans le machinisme en dépossède méthodiquement les sujets, qui sont alors eux-mêmes soumis à sa puissance de destruction automatisée : « En déléguant le logos à des machines, en confiant à des ordinateurs sa culture, sa mémoire, son langage, jusqu’à réduire le logos au logiciel, l’humain, de fait, s’éteint quand l’écran des objets intelligents s’allume[11]». La logique de ce système est celle du capitalisme tel que décrit par Marx, c’est-à-dire comme « dispositif autonomisé de l’objectivité morte[12]».comme chose normale ancrée dans la nature, fondée en raison.

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3 – L’obsolescence de l’homme – Gûnther Anders – Wikipedia

« L’obsolescence de l’homme« – le décalage prométhéen -Wkipedia

Une critique de la technique

L’œuvre de Günther Anders s’inscrit dans un rapport critique à la philosophie , qu’il convie à s’intéresser non à elle-même mais au monde, à commencer par ce qu’il considère comme les deux événements majeurs du XXe siècle : Auschwitz et Hiroshima.

Son œuvre est traversée par l’idée d’un « décalage prométhéen »,introduit par l’époque industrielle, entre nos facultés de fabrication et notre capacité d’imagination. Cette situation fait de nous ce qu’il appelle des « utopistes inversés » qui, au lieu de se représenter un monde qu’ils ne peuvent encore produire, en produisent un qu’ils ne peuvent plus se représenter.

 « L’Obsolescence de l’homme » illustre ce thème.

Sa première partie, « Sur la honte prométhéenne », dresse le tableau d’une humanité humiliée face à la qualité de sa production technique.

La deuxième, « Le monde comme matrice et comme fantôme : Considérations philosophiques sur la radio et la télévision », examine la transformation de notre rapport au monde sous l’effet de ces médias.

Dans la troisième, dont le titre « Être sans temps » parodie celui de Être et Temps de Martin Heidegger, Anders analyse la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett comme peinture réussie d’un état de désœuvrement généralisé, propre à l’homme moderne.

La quatrième partie, « Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’apocalypse », clôt l’ouvrage sur la perspective d’un monde où « le « laboratoire » devient coextensif au globe ».

« Nous, fils d’Eichmann » reprend les textes qu’il a publiés sous la forme de lettres ouvertes adressées au fils du haut fonctionnaire du Troisième Reich et officier SSAdolf Eichmann. Anders voit dans l’entreprise d’extermination nazie, non un accident historique, mais le produit d’une modernité marquée d’une part par le décalage entre ce que l’homme est capable de faire et ce qu’il est capable de penser, et de l’autre par la division du travail qui, poussée à l’extrême, tend à transformer les hommes et le monde lui-même en machines.

Dans « Hiroshima est partout« , ce sont ses échanges avec Claude Eatherly, le pilote qui a donné le signal d’une météorologie favorable pour le premier bombardement atomique, qui nourrissent une réflexion sur l’incapacité de la conscience humaine à se placer à la hauteur de la puissance conférée par la technique. Il introduit ainsi le terme « surliminal » pour désigner, par opposition à « subliminal », ce qui est trop grand pour être perçu : quand il est question de 200 000 morts, il devient impossible à quiconque de ressentir de la douleur[

Son entretien intitulé » Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? » explicite le sens de cette devise inspirée d’une formule de Goethe déjà reprise par Nietzsche : il ne s’agit pas de faire du désespoir, aussi lucidement fondé qu’il soit, une source d’auto-apitoiement, mais plutôt d’affirmer qu’il n’enlève rien à l’urgence de l’exhortation et de l’action.

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