Présentation du thème 3 du 17 novembre 2024
Ce site a le statut de portail, de vitrine qui présente des extraits de textes, lesquels se veulent être les plus pertinents possibles. Le lecteur est invité à se diriger vers d’autres, plus amples, développements.
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« Que philosopher c’est apprendre à mourir »
In Le plaisir de penser, André Comte Sponville, p.141 et seq., Vuibert
Sous cette forme et en français, c’est le titre d’un essai d’un des Essais de Montaigne. Mais Montaigne en emprunte expressément l’idée à Cicéron, lequel … la présentait comme une citation de Platon… Disons que c’est une idée de Platon, traduite en latin par Cicéron, puis en Français par Montaigne.
L’important est ailleurs : ce qui donne son poids à cette phrase, et qui explique son impressionnante postérité, c’est qu’elle peut se prétendre en deux sens différents, comme Montaigne le remarquait déjà, entre lesquels, peu ou prou, toute la vie, toute une partie de la philosophie se décide.
Il y a le sens de Platon : la mort, c’est- à- dire ici la séparation de l’âme et du corps, serait le but de la vie, vers lequel la philosophie ferait une espèce de raccourci. Un suicide ? Au contraire : une vie plus vivante, plus pure, plus libre, parce que libérée par anticipation de cette prison – voire de ce tombeau, comme dit le Gorgias – qu’est le corps… « les vrais philosophes sont déjà morts », écrit Platon, et c’est pourquoi la mort ne les effraie pas …
Et puis, il y a les sens de Montaigne : la mort serait non « le but » mais « le bout » de la vie, son terme, sa finitude (et non pas sa finalité) essentielle. Il faut s’y préparer, l’accepter puisqu’elle nous atteindra tôt ou tard, sans pourtant gâcher notre vie ou nos plaisirs. Dans les premiers Essais, Montaigne veut y penser toujours, pour s’y habituer, pour s’y préparer, pour se roidir, comme il dit, contre elle. Dans les derniers, l’habitude est telle, semble-t-il, que cette pensée devient moins nécessaire, moins constante… : l’acceptation suffit, qui se fait, avec le temps de plus en plus légère et…douce. C’est moins une contradiction qu’une évolution, qui marque la réussite, ou en tous cas, les progrès de Montaigne ? L’angoisse ? Ce n’est qu’un moment. Le courage, ce n’est qu’un moment ? la « nonchalance » vaut mieux, qui n’est pas le divertissement ou l’oubli, mais l’acceptation sereine.
Philosopher, ce n’est pas apprendre à mourir que parce que c’est apprendre à vivre, et parce que la mort – l’idée de l’inéluctabilité de la mort – en fait partie. Mais c’est la vie qui vaut, et elle seule. Les vrais philosophes ont appris à l’aimer comme elle est ; pourquoi s’effraieraient-ils qu’elle soit mortelle ?
L’« Être-vers-la-mort » (Sein zum Tode) est un concept « clef » de l’ouvrage majeur de Martin Heidgger, Etre et Temps…
L’« Être-vers-la-mort » (Sein zum Tode) est un concept « clef » de l’ouvrage majeur de Martin Heidegger, Être et Temps …
1 – La prise de conscience de sa propre mort
Conformément au thème général de son livre, la question que se pose Heidegger n’est pas directement une question sur la mort, sur l’événement du décès proprement dit, mais celle du « mourir » pour le Dasein. Heidegger ne manifeste aucun intérêt pour quelque chose comme un au-delà de la mort. Cette question va mettre en jeu pour le Dasein la question de son « pouvoir-être authentique » et de savoir si, et comment, la prise de conscience par l’homme de sa propre mort, de son « pouvoir-mourir », est de nature à lui permettre de se libérer de la puissance du On, du bon sens et de l’opinion générale, et à s’assumer authentiquement ; à être ce qu’il est, en « propre ».
2 – Attente craintive de cette échéance
L’« Être-vers-la-mort » est un concept « existential », formel, le dernier, le plus extrême, autrement dit, un mode d’être du Dasein, mis en évidence dans l’analytique existentiale d’Être et Temps. Le « pouvoir-mourir » qu’il implique est vécu par le Dasein quotidien, l’homme de tous les jours, comme une attente craintive de cette échéance indéterminée et chez le Dasein authentique comme un « pouvoir-être », voire un « devoir-être ».
3 – Inquiétude diffuse
Ce qui domine l’existence, pour Heidegger, c’est la préoccupation soucieuse, le souci pour « son être » « pour autant qu’il en vient toujours déjà jusqu’à soi » selon sa propre expression), qui se manifeste dans toutes les situations concrètes comme une «inquiétude » diffuse et souvent sans objet. Bien avant Être et Temps la mort est devenue dans l’œuvre d’Heidegger, le point de flexion entre les deux tendances dégagées de la vie facticielle, soit se perdre dans le monde, soit se ressaisir en tant que soi-même.
(le sens fondamental de la mobilité facticielle est « la préoccupation soucieuse » et c’est précisément pour cela que le mouvement fondamental de la vie est le « dévalement » ou la déchéance ».
4 -Attitude la fuite
Quelques annotations sur la conscience ordinaire de la mort relevées chez Jean Greisch : Le premier trait caractéristique de l’attitude commune vis-à-vis de la mort est la fuite. L’attitude du « On » (de tout un chacun) devant la mort est faite d’évitement, elle ne vise qu’à la surmonter, l’oublier par des artifices religieux ou mondains .
L’alignement sur le « On» a pour effet de déposséder le Dasein de sa propre mort. Parce que cet être face à la mort va être reconnu « l’être le plus propre » (le mode d’être qui lui appartient en propre) du Dasein, sa vérité, Heidegger va tirer la conclusion apparemment étrange que la fuite du Dasein devant la mort n’est en fait qu’une esquive de la vie...
La simple conscience de la mort comme un « ne-pas-encore » (Nocht-nich) d’un événement certain mais dans un futur indéterminé est à elle seule impuissante à mettre le Dasein sur le chemin de l’authenticité, on verra qu’il y faut le bouleversement que seule l’angoisse procure.
5 – Les fausses interprétations de la mort,
Les fausses interprétations de la mort qui résultent de l’application de schèmes physiques sont nombreuses : l’idée d’achèvement ou de mûrissement, les idées de passage, de disparition ou de fin ne donnent pas plus accès au concept « existential » de la mort, que les consolations d’une vie dans l’au-delà. C’est pourquoi, même avoir la mort constamment présente à l’esprit, ne donne aucune ouverture sur le sens fondamental « du mourir ».
6 – Certitude de la mort
La puissance de refoulement de la mort chez le Dasein quotidien affairé dans le « On » est telle, qu’elle arrive nous dit Critian Ciocan dans le train-train journalier à supprimer ses deux traits fondamentaux à savoir le caractère « indéterminé » de l’événement et sa « certitude ».
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7 – Indéterminabilité, inéluctabilité, mienneté
…Cette mort esquivée de la quotidienneté, même si elle n’annonce pas l’« être-vers-la-mort » que Heidegger a en vue, fait néanmoins connaître son triple caractère d’« indéterminabilité », d’« inéluctabilité » et de « mienneté » (nul ne peut mourir à ma place, « son mourir, tout Dasein doit nécessairement à chaque fois le prendre lui-même sur soi » écrit Jonathan Bergeron de l’Université de Québec qui suffisent à inspirer la crainte et à nourrir le tragique et l’inquiétude de la vie facticielle)...
8 – Qu’est-ce que la relation authentique à la mort ?
La relation « authentique » à la mort qui ne peut donc être dans le décès d’autrui, n’est pas une simple représentation, elle est un mouvement intime du Dasein vers sa possibilité la plus propre, « indépassable », Unüberholen et cette possibilité dite « la plus propre » ne peut être paradoxalement que celle d’une « possibilité de l’impossibilité d’être », que manifeste le « pouvoir mourir » à tout instant. …
. La voie empruntée par Heidegger va consister à délaisser l’événement proprement dit de la mort pour privilégier sa « possibilité », certaine et indéterminée, possibilité qui va constituer la dimension fondamentale de l’« être-seulement-possible » qu’est devenu le Dasein à la pointe extrême de son être…
Être pour une possibilité d’être suppose toujours une attente mais l’attente, dans ce cas particulier, n’est pas dirigée vers un futur, il n’y a aucun projet à l’horizon ; à l’attente se substitue un devancement ou accomplissement dans lequel le Dasein en vient à vivre littéralement sa mort comme annihilation absolue dans l’instant de toutes ses possibilités….
Extrait de Wikipedia
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