Présentation du thème 01 du 14 septembre 2025
Popper et le paradoxe de la tolérance – Wikipedia
Le paradoxe de la tolérance est un concept philosophique qui fut introduit pour la première fois sous ce nom par Karl Popper en 1945 dans La Société ouverte et ses ennemis, bien que d’autres auteurs avant lui avaient déjà exploré les limites de la tolérance.
L’œuvre de Popper dans laquelle apparaît ce concept critique à la fois le fascisme (premier tome) et le marxisme (second tome). Comme ce dernier l’écrit dans la préface de son ouvrage en 1978, son livre « est une attaque contre le totalitarisme et la tyrannie sous toutes leurs formes, qu’elles soient de droite ou de gauche »…
Popper affirme que si une société est tolérante sans limite, sa capacité à être tolérante est finalement détruite par l’intolérant. Il la décrit comme l’idée apparemment paradoxale que « pour maintenir une société tolérante, la société doit être intolérante à l’intolérance. » et développe cela en écrivant : « Je n’implique pas, par exemple, que nous devions toujours supprimer l’énoncé des philosophies intolérantes ; tant que nous pourrons les contrer par des arguments rationnels et les contrôler par l’opinion publique, la suppression serait très imprudente. Mais nous devons revendiquer le droit de les supprimer si nécessaire, même par la force. »
Samuel Huntington – Le choc des civilisations – 1996 – Extraits

Samuel Huntington
2004
Wikiquote
Samuel Phillips Huntington, né le 18 avril 1927 et mort le 24 décembre 2008, est un professeur américain de sciences politiques, enseignant à l’université de Harvard, de tendance conservatrice. Il est l’auteur de nombreux livres dont les plus connus dans le monde francophone sont Le Choc des civilisations et Qui sommes-nous ? Identité nationale et Choc des cultures.
Le Choc des civilisations (The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order), 1996 – extraits in (trad. Jean-Luc Fidel et Geneviève Joublain, Patrice Jorland, Jean-Jacques Pédussaud), éd. Odile Jacob, 2007, – sélection Wikiquote
Le monde d’après la guerre froide comporte sept ou huit grandes civilisations. Les affinités et les différences culturelles déterminent les intérêts, les antagonismes et les associations entre États. Les pays les plus importants dans le monde sont surtout issus de civilisations différentes. Les conflits locaux qui ont le plus de chance de provoquer des guerres élargies ont lieu entre groupes et États issus de différentes civilisations. La forme fondamentale que prend le développement économique et politique diffère dans chaque civilisation. Les problèmes internationaux les plus importants tiennent aux différences entre civilisations. L’Occident n’est plus désormais le seul à être puissant. La politique internationale est devenue multipolaire et multi-civilisationnelle. p. 23…
[L]’islam, du VIIIe au XIIe siècle, et Byzance, du VIIIe au XIe siècle, surpassaient de loin l’Europe en richesse, en extension géographique, en puissance militaire, en production artistique, littéraire et scientifique. Entre le XIe et le XIIIe siècle, la culture européenne a commencé a se développer, sous l’effet de l’emprunt systématique à la culture musulmane et byzantine, et de l’adaptation de cet héritage au contexte particulier et aux besoins de l’Occident. p. 49 …
L’expansion de l’Occident a été facilitée par la supériorité de son organisation, de sa discipline, de l’entraînement de ses troupes, de ses armes, de ses moyens de transport, de sa logistique, de ses soins médicaux, tout cela étant la résultante de son leadership dans la révolution industrielle. L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais. p.50…
Seule l’arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-occidentaux « s’occidentaliseront » en consommant plus de produits occidentaux. Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de l’Occident. p.59…
Fondamentalement, le monde est en train de devenir plus moderne et moins occidental. p.82…
Le lien entre puissance et culture a presque toujours été négligé par ceux qui pensent qu’apparaît et doit apparaître une civilisation universelle comme par ceux pour qui l’occidentalisation est une condition nécessaire de la modernisation. Ils refusent de reconnaître que la logique de ces raisonnements les incline à soutenir l’expansion et la consolidation de la domination de l’Occident sur le monde et que si les autres sociétés étaient libres de façonner leur propre destin, elles revigoreraient leurs croyances, leurs habitudes et leurs pratiques, ce qui, selon les universalistes, est contraire au progrès. p.96-97 …
La résurgence religieuse à travers le monde est une réaction à la laïcisation, au relativisme moral et à la tolérance individuelle, et une réaffirmation des valeurs d’ordre, de discipline, de travail, d’entraide et de solidarité humaine. p.104 …
Si la démographie dicte le destin de l’histoire, les mouvements de population en sont le moteur. p.216 …
L’Islam et le christianisme sont tous deux des religions monothéistes qui, à la différence des religions polythéistes, admettent mal les autres divinités et d’après lesquelles le monde est divisé en deux : d’un côté eux, de l’autre nous. Tous deux sont universalistes et prétendent incarner la vraie foi, à laquelle tous les humains doivent adhérer. Tous deux sont des religions missionnaires dont les membres ont l’obligation de convertir les non-croyants. Depuis ses origines, l’Islam s’est étendu par la conquête et, le cas échéant, le Christianisme aussi. Les concepts parallèles de « Jihad » et de « Croisade » se ressemblent beaucoup et distinguent ces deux fois des autres grandes religions du monde. p.231…
Le problème central pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture et obsédés par l’infériorité de leur puissance. p.239…
La Chine a présenté les États-Unis comme son principal ennemi. Les Américains auront donc tendance à réagir comme des rivaux primaires et à empêcher que la Chine n’accède à cette position hégémonique. Cela serait conforme à la tradition, l’Amérique s’étant toujours souciée d’empêcher que l’Europe et l’Asie soient dominées par une seule puissance. Ce n’est plus d’actualité en Europe, mais en Asie, cet objectif reste valide. En Europe occidentale, une fédération relativement lâche, liée intimement aux États-Unis d’un point de vue culturel, politique et économique ne menacerait pas la sécurité américaine. p.256…
Les multiculturalistes américains rejettent l’héritage culturel de leur pays. Ils […] souhaitent créer un pays aux civilisations multiples, c’est-à-dire un pays n’appartenant à aucune civilisation et dépourvu d’unité culturelle. L’histoire nous apprend qu’aucun État ainsi constitué n’a jamais perduré en tant que société cohérente. p.338…
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