Présentation du thème 5 du 12 janvier 2025
Parmi de nombreuses références, dans le cadre de notre support contraint, nous avons choisi de mettre la lumière sur 3 porte-drapeau renommés ,Yvon Jablonka, Monique Wittig, Michelle Perrot. Le sujet implique à l’évidence un minimum de développement.
Les textes proviennent de courts extraits, de Wikipedia, et de livres des auteur(e)s cité(e)s. Ce sujet renvoie à ce qui a déjà été traité par nous, l’année dernière en octobre 2024 « les rapports hommes-femmes », et ce qui sera traité en mars 2025 « Masculin-Féminin ».
Notre bibliographie, bien sûr, ouvre à d’autres horizons
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La pensée straight – Monique Wittig – 2001
Un système politique – extraits de Wikipedia
Monique Wittig
Wikipedia
A- L’hétérosexualité en tant que système politique (Wittig, 1978) désigne un fonctionnement social basé sur la répartition binaire des êtres humains en catégories de sexes (femmes et hommes) selon des critères biologiques et l’utilisation des organes génitaux (mâles et femelles) comme marqueurs de l’identité sexuelle.
À ces deux sexes sont attribués deux genres (féminin et masculin), auxquels correspondent des caractéristiques (la douceur ou la force, l’intuition ou la raison, la tempérance ou l’initiative par exemple), des rôles sociaux (division socio-sexuelle du travail, répartition des tâches domestiques, appropriation des fonctions directives par la classe des hommes), une orientation sexuelle (l’attirance pour le sexe opposé) et un destin (être une mère ou un père et fournir des citoyens à la nation).
b- Un féminisme matérialiste
…Elle réfute toute explication biologique ou culturelle de l’oppression et l’exploitation des femmes. Les hommes et les femmes sont des catégories politiques, historiquement construite pour justifier la domination à travers le régime politique hétérosexuel.
Wittig invite donc les femmes à développer une conscience de classe (dans un sens marxiste) tout en se pensant comme individu afin de pouvoir dépasser l’hétérosexualité qui divise l’humanité en deux sexes, réduisant en esclavage les femmes. Cette libération peut notamment passer par le lesbianisme, pour échapper à l’appropriation individuelle de la classe des femmes.
c – Public et privé : des rapports déterminés par avance
La différence entre les sexes et l’hétérosexualité sont deux concepts constitutifs de l’hétérosexualité comme système politique (la pensée straight pour reprendre les mots de Wittig) qui conditionnent les rapports entre les individus dans la sphère privée et la sphère publique.
Ces deux notions également constitutives de la pensée straight fonctionnent sur un mode binaire: le privé est attribué au féminin, à la famille, à l’intimité, à la sexualité procréative, le public est le domaine du masculin, du travail, de la sociabilité, de la sexualité non-procréative.
La différence entre les sexes est définie, légitimée et rendue irrémédiable par le postulat suivant : les mâles et les femelles sont différents par nature, cette différence ontologique se manifeste physiquement et intellectuellement et les manques de l’un trouvent leurs compléments dans les attributs de l’autre….
Les femelles sont déterminées à n’être que les compagnes de mâles car ce qui les caractérise (le féminin) est défini par la faiblesse, la dévotion, le manque (les mâles sont les hommes, les humains, les citoyens, les sujets, les femelles n’existent que par rapport aux mâles).
d – L’hétérosexualité comme destin
L’hétérosexualité régit la vie des individus en leur imposant un destin : l’hétérosexualité (injonction à une sexualité génitale avec un partenaire du sexe opposé), la procréation (injonction à perpétuer l’espèce et à fournir à la société de nouvelles forces vives), la vie maritale (injonction à la monogamie, au contrôle de la sexualité par une institution juridique). La pensée straight a aussi pour effets l’invisibilisation d’autres formes de sexualité (non génitale, non procréative, non hétérosexuelle par exemple), la négation de ceux et de celles dont le sexe ne s’inscrit pas dans l’alternative
femelle/mâle ou qui refusent celui qui leur a été assigné à la naissance, la marginalisation et la minorisation des personnes qui refusent de se soumettre à l’ordre hétérosexuel (en étant non-monogames, non-hétérosexuels, toxicomanes, ou asociaux).
L’hétérosexualité est un régime politique autoritaire aux effets violents qui hiérarchise les êtres humains selon leur adhésion au système, conditionne les termes mêmes de la pensée, impose ses modes de vie, punis en discréditant les dissidents qui s’écartent de la norme qu’elle impose.
Remise en cause de l’hétérosexualité comme régime d’oppression : refus d’assimiler les lesbiennes à des femmes, catégorie qui ne « prend sens que dans le régime hétérosexuel, imposé par le patriarcat ».
f – Dépasser la pensée straight
La sortie de la pensée straight passe :
– par le refus de ses catégories binaires (hommes/femmes, mâles/femelles, féminin/masculins, actifs/passifs, hétérosexuels/homosexuels etc.),
– la création de nouvelles identités non-straight et la fin de la croyance en la naturalité des sexes, des genres et des races.
La naturalité des sexes consiste à considérer qu’Hommes et Femmes sont naturellement différents, et dotés d’aptitudes différentes. Considérer quelque chose comme naturel, c’est le rendre éternel, et impossible à remettre en question car il existait avant les sociétés.
Wittig s’oppose à certaines formes de féminismes voulant uniquement un aménagement du système binaire hétérosexuel. Elle considère notamment que les mouvements trans, de fluidité des genres gardent la division hommes/femmes qui régit ce système. Elle exprime sa volonté de supprimer radicalement les institutions, modes de pensée et sciences qui sont construits sur selon cette division binaire. Une fois ces institutions supprimées, il serait alors possible de proposer une nouvelle définition de la personne qui dépasserait les catégories de sexes.
Ce sujet nouveau forgerait ses nouveaux concepts (désir, jouissance, culture) libéré de la norme hétérosexuelle. On peut ici parler d’une norme hétérosexiste.
Le lesbianisme pour déconstruire le mythe de « La-femme »
Pour Wittig la division hétérosexuelle et naturelle des sexes a contribué à construire le mythe de « La-Femme ». Chaque femme aurait en elle cette essence féminine (douceur, prendre soin de soi, être discrète) à développer.
Cependant Wittig cite un reproche souvent fait aux femmes lesbiennes : celui de « ne pas être de vraies femmes ». Or si ces dernières sont bien des femmes, elles ne correspondent pas à ce mythe. Ce faisant les lesbiennes remettent en cause ce mythe car « être une femme » ne va donc pas de soi, puisqu’il y en a des vraies et des fausses.
De plus pour elle, «La-Femme» est un mythe qui n’a de sens que dans un rapport de force hétérosexuel homme-femme. Elle n’existe que sous le regard de l’homme dominant. Alors que dans le lesbianisme, une femme – être dominé – désire un autre être dominé…
Extraits de textes de Wikipedia, avec un seul objectif de présentation