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Les rapports hommes femmes aujourd’hui

Présentation du thème 02 du 8 octobre 2023

Il est impossible de prétendre à un point de vue surplombant, englobant. Le point de vue privilégié ici est féministe ; et les mouvements féministes sont pluriels.

1 – L’universalité de la domination masculine

Extraits de « des hommes justes », Yvon Jablonka, Seuil 2019

Universalité de la domination masculine. On ne connaît aucune société où les femmes, en tant que groupe, exercent l’ensemble des pouvoirs moraux, politiques, et économiques, en codifiant la société, ou en prenant les décisions qui engagent toute la communauté (la guerre). Partout les hommes commandent en tant que chefs et législateurs, généraux ou patrons, maris ou pères.

2 – Patriarcat- Domination

a- D’où vient le patriarcat ? Quelles sont les causes de son incroyable stabilité ?

Nul n’est en mesure d’y répondre de façon univoque : sont en jeu des considérations biologiques, sociales, économiques, religieuses, légales, culturelles. Pour comprendre l’institutionnalisation de la domination des femmes (ce que Françoise Héritier appelle « la valeur différentielle » des sexes), il faut définir les acteurs de cette relation de subordination.

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b- le dimorphisme sexuel et l’ordre du genre

L’homme et la femme partagent la même organisation physiologique. C’est dans l’ordre sexuel qu’ils se distinguent. Les différences cognitives entre les sexes sont mineures.

Les sociétés assignent à chaque sexe un code de conduite, mixte de devoirs et de droits, qu’on appelle le genre ; dès la naissance, le genre interprète et hypertrophie le sexe. Le genre est devenu un outil indispensable en sciences humaines, mais certains en sont venus à croire qu’il serait au fondement de tout.

Puisque le sexe précède le genre, il serait tentant d’attribuer la fortune du patriarcat à notre biologie.

Alors le patriarcat procède d’une interprétation des corps : vouant les femmes à une fonction, il transforme la biologie en une destinée, et si une femme est génitrice par nature, l’homme a tout le loisir d’investir dans les autres sphères. La femme est un ventre.

D’où le sophisme : certaines femmes peuvent être mères, or la maternité est un service, donc toutes les femmes seront assujetties. La privation masculine d’engendrement des enfants a été convertie en toute puissance.

c- Le cercle patriarcal

Le patriarcat est d’abord un système de pensée, fondé sur des droits, des normes, des croyances, des traditions, des pratiques et ce système tient tout seul. Toutes les institutions empruntent des arguments qui convergent, pour justifier la subordination des femmes aux hommes, de telle façon qu’elle apparaisse comme chose normale ancrée dans la nature, fondée en raison.

Fiche de lecture, extraits du livre de Yvon Jablonka, des hommes justes

Fractures du féminisme- Franc-tireur- 2023– Caroline Fourest

En tant que révolution, le féminisme n’a jamais été aussi vaillant ; l’onde de choc secoue tous les continents, et tous les milieux. mais les grandes avancées ne vont jamais sans retour de bâton, d’où l’importance de garder le cap. On ne s’inquiète pas pour les féministes du Sud ou du Moyen Orient, où l’adversité aiguise leur lucidité et leur courage. il y a plus de souci à se faire pour les féministes du Nord, où le succès égare et disperse. Quand un idéal réussit, il devient pouvoir, et attire toutes sortes de vocations, sincères, suivistes ou opportunistes. et universalistes

Les déchirures idéologiques, elles ont toujours existé : notamment entre les essentialistes (Les femmes seraient différentes et meilleures par nature), et les universalistes (le patriarcat a mythifié la différence entre les sexes pour aboutir à la répartition des genres). Aujourd’hui, ces fractures ont muté. l’approche universaliste se heurte au néo-féminisme intersectionnel, adoré de la nouvelle génération. Mélange de revanche identitaire et d’hyperindividualisme, c’est un féminisme très populaire outre-atlantique, puissant et confus.

Il peut se montrer très fluide sur les genres au point de croire qu’il suffit de s’auto-énoncer pour changer de genre, et même de sexe en société. il se révèle bien plus essentialiste en matière d’assignation ethnique, jusqu’à séparer les féministes dites blanches des féministes dites racisées, et parfois sacrifier la lutte contre le sexisme sur l’autel de la lutte prioritaire contre le racisme. D’où ses #MeToo à géométrie variable, selon l’origine du violeur.

Extraits de l’article, paru dans Franc tireur, 2023, Caroline Fourest

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