Aller au contenu

La culture nous rend-elle plus heureux?

Présentation du thème 1 du 8 septembre 2024

renaissance final sehr gut copie

Est-ce que la culture permet à l’homme de gagner le bonheur, ou seulement de le mériter ? Son but est-il la réalisation du bonheur sur terre, ou bien plutôt celui de la liberté, de la véritable autonomie qui signifie la maîtrise morale de soi-même ?

Le lecteur appréciera le caractère incontournable, bien qu’un peu long de ces textes pertinents.

Merci de nous proposer vos textes, vos commentaires attendus.

Doctrine qui souligne les avantages d’une société multiculturelle, ou qui la considère comme un fait normal ou irréversible. le multiculturalisme défend en conséquence les droits des différentes minorités, spécialement ethniques ou religieuses. S’oppose à l’universalisme républicain, qui n’a que faire des communautés.

Le débat est d’autant plus vif, entre ces trois courants, qu’ils ont partiellement raison tous les trois, au moins dans ce qu’ils soutiennent (les droits des minorités, l’égalité des citoyens, la liberté des individus…), et pas toujours tort dans ce qu’ils dénoncent (ce qu’il y a d’abstrait, voire d’hypocrite, dans l’universalisme, les dangers du communautarisme, ceux du populisme…).

I

Le drame de la culture, selon Ernst Cassirer

A georg simmel

Georg Simmel

La dialectique de la culture  et de la vie chez G. Simmel (Kant, Hegel, Simmel, Cassirer…) in « La culture » ,coordonné par Philippe Fontaine -Ellipses – pages 140-189

A – la dialectique de la vie et de la culture selon Georges Simmel

1- Le chemin de la culture : l’âme en route vers soi

 L’âme cherche à se réaliser comme une personnalité dans sa totalité et dans son unité, qui porte en soi l’image préfigurée   de ce qu’elle aspire à devenir : cette référence à l’idée de totalité est ici essentielle, car il y va de la définition même de culture. La culture ne peut résider que dans … une organisation globale de la personnalité dans son ensemble.

 La culture selon G. Simmel ne peut ni ne doit se réduire à sa dimension subjective . L’acquisition de la culture, dans son sens authentique ne peut consister qu’en une appropriation de l’objectif par le subjectif. C’est la relation de compréhension et d’assimilation de l’esprit aux œuvres constituées, aux réalisations objectives de la culture objective qui élève l’âme.

…« La culture naît de la rencontre de deux éléments, qui ne le contiennent ni l’un ni l’autre : l’âme subjective et les créations de l’esprit objectif ».

2-Objectivation de l’esprit, moment essentiel dans le processus de la culture »

L’unité et la totalité de l’être subjectif s’achèvent par l’appropriation de ces valeurs objectives, que sont les mœurs et la connaissance, l’art et la religion, les phénomènes sociaux et les formes d’expression de l’intériorité . La culture est la synthèse de l’esprit subjectif et de l’esprit objectif. Ce n’est pas seulement le mouvement de « l’âme en route vers elle-même » qui suffit à donner un sens au concept de culture ; car l’âme ne représente que « l’élément subjectif » au sein d’une configuration duelle qui comporte également un élément objectif.

3 – Mais ces 2 éléments ne peuvent que s’opposer : La dialectique de la culture et de la vie est essentiellement minée par une contradiction interne

Simmel : « Nous parlons de Culture quand le mouvement créateur de la vie a produit certaines figures qui admettent en elles-mêmes de leur côté, les flux ultérieurs de la vie et leur donnent contenu et forme : ainsi les conceptions sociales, les œuvres d’art, les religions, les connaissances scientifiques et techniques et les lois civiles, et d’innombrables autres figures… Je comprends par culture la perfection de l’âme … qu’elle atteint en faisant le détour par les créations du travail spirituel et historique de l’espèce… »

4- La contradiction entre le subjectif et l’objectif comme tragédie de la culture

Dans la relation  que le sujet individuel entretient avec les œuvres objectives de la culture, il n’existe aucun parallélisme entre le développement subjectif et objectif : un bon exemple

de cette inadéquation serait fourni par le langage qui, en tant que puissance objective d’expression et de signification peut se révéler inapte à expliquer nos tendances les plus intimes, voire à le déformer. Il y a absence de correspondance, au sein du processus culturel entre le subjectif et l’objectif.

Une fois  la prestation achevée de l’objet médiateur, l’oeuvre comporte des éléments, des dimensions, des accents dont le créateur lui-même ne pouvait pas avoir conscience : « Dès que votre œuvre existe, non seulement elle possède une objectivité et une vie propres qui se sont détachées de nous, mais elle contient aussi, dans cet être-soi, comme par la grâce de l’esprit objectif – des forces et des faiblesses, des parties constitutives et significatives,dont nous sommes tout à fait innocents, et bien souvent étonnés »

Ce caractère d’autonomie de l’esprit objectif permet de comprendre que, même engendré par la conscience d’un esprit objectif, il possède, une fois le processus d’objectivation accompli, « une validité désormais en dehors de lui et une chance de ré-subjectivation indépendamment de lui »… ce caractère d’isolement et de singularité des contenus culturels est, selon Simmel, « le fondement métaphysique de cette funeste autonomie avec laquelle l’univers des produits culturels ne cesse de croître »…

La contradiction constitutive de l’évolution de la culture à l’époque de la modernité réside donc dans le processus d’autonomisation des œuvres culturelles, qui à partir d’un certain niveau de développement, s’émancipent de leur fonction première, qui est de participer à l’élévation culturelle de l’individu »…

5- L’affirmation de vie comme principe métaphysique originaire 

La crise actuelle de la culture tient donc du principe de la forme, comme le montre la répugnance des penseurs emplis du sentiment moderne à l’encontre des systèmes clos, qui caractérisent, dans le domaine philosophique, les époques dominées par la pensée classique de la forme. Le mouvement contemporain de la culture est animé, selon G. Simmel, par un refus de ce qui ordonnait principiellement le monde classique : « du point de vue culturel le plus général, ce mouvement entier signifie l’abandon du classicisme en tant qu’idéal de l’humanité et de la culture ; car le classicisme se trouve entier sous le signe de la forme, la configuration, bien polie… »

La crise de la culture moderne et l’essence de la vie selon Simmel

La vie porte deux choses contradictoires : d’une part, s’affirmer elle même dans son immédiateté nue, mais d’autre part, elle ne peut rien déterminer autrement qu’en donnant une forme, destinée à remplacer la forme précédente…

La crise de la culture moderne consiste dans le fait que toutes sortes d’attaques sont portées, non contre telle ou telle forme particulière, mais contre le principe même de toute forme en général…

Découvrir les autres thèmes