Présentation du thème 07 du 10 mars 2024
Dans ce site vitrine-présentoir, ne sont brièvement exposés que quelques extraits succincts introductifs.
Il est conseillé de se référer à :
- Espace public, Jürgen Habermas
- la conférence du professeur Arnaud Leclerc, à Nantes le 25 janvier 2024, à l’Université Permanente
- tout ouvrage mentionné dans la médiathèque
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L’espace public selon Jürgen Habermas
Extrait de Pour comprendre Habermas, Alexandre Dupeyrix, Arman Colin, page 181
Le concept d’espace public est pour Habermas une composante indispensable de toute société démocratique. Il désigne concrètement la sphère de discussions à la fois formelles (au sein des parlements, des tribunaux, des universités ) et informelles (au sein des médias, des clubs, des associations), située selon la typographie mouvante entre la société civile et L’Etat. Conçu comme un espace de débat social et politique, il concourt à la formation de l’opinion et de la volonté des citoyens et permet l’élaboration d’une critique des pouvoirs et des institutions en place ainsi que l’expression de nouveaux besoins émergeant de la société civile…
Alexandre Dupeyrix
Le modèle agonistique – Chantal Mouffe
Extraits de Wikipedia
Critique des modèles libéraux et délibératifs
La théorie politique de Chantal Mouffe concernant la démocratie consiste en l’élaboration d’un modèle qui s’oppose clairement à ceux de la démocratie délibérative et de la démocratie libérale.
Elle s’associe à la critique formulée par Carl Schmitt à l’encontre du libéralisme pour dénoncer le recours au vocabulaire et aux concepts de l’économie, de l’éthique et du juridique pour saisir le politique, devenant ainsi incapable de comprendre la spécificité de celui-ci. Elle reproche à la pensée libérale d’une part la place centrale qu’y occupe la valorisation de l’individualisme, d’autre part son rationalisme.
Ce dernier, s’exprimant au travers de « la croyance en la possibilité d’une réconciliation finale grâce à la raison », soit la possibilité d’établir un consensus rationnel au sujet des décisions politiques à prendre, est selon Chantal Mouffe illusoire et l’empêche « de reconnaître la possibilité, toujours présente, de l’antagonisme ».
Concernant l’individualisme, celui-ci rend impossible la compréhension de la formation des « identités collectives », qu’elle juge indissociables d’une organisation véritablement démocratique.
Son opposition aux partisans de la démocratie délibérative, tel Habermas ou Rawls, se fonde sur des objections similaires. En effet, Chantal Mouffe critique aussi la théorie délibérative pour son rationalisme, et rapproche par là même celle-ci de la perspective libérale. À travers ce rationalisme, le modèle délibératif viserait à évacuer le conflit, pourtant « constitutif du politique », ainsi qu’à rabattre la problématique politique sur une dimension éthique, aboutissant finalement à l’illusion d’une « fin du politique ».
La démocratie plurielle, de l’antagonisme au modèle agonistique
Aux modèles délibératifs et libéraux, Chantal Mouffe oppose l’idée et le projet d’une « démocratie radicale et plurielle », qui se veut être une « radicalisation de la tradition démocratique moderne », passant par « l’extension et l’approfondissement de la révolution démocratique ». Au centre de cette théorie, s’affirme l’idée que le politique, et corrélativement la démocratie, est indissociable d’une dimension conflictuelle, celle-ci étant considérée comme ne pouvant être éliminée par aucun « processus rationnel de négociation », qu’il s’agisse de la délibération habermassienne ou du voile d’ignorance proposé par Rawls.
Pour décrire cette persistance inéliminable de « conflits pour lesquels aucune solution rationnelle n’existe », Chantal Mouffe use du concept d’antagonisme, par lequel elle définit le politique lui-même. De nouveau, ce concept d’antagonisme s’inspire de la théorie de Schmitt, celui-ci rapportant le politique à une relation ami/ennemi, « qui ne peut être résolue dialectiquement ».
Néanmoins, reconnaissant avec ce dernier que l’antagonisme ami/ennemi conduit à la « destruction de l’association politique », et ne peut pour cette raison être considéré comme « légitime au sein d’une société démocratique », elle défend l’idée que l’antagonisme proprement dit, à défaut de pouvoir être éliminé, peut et doit être sublimé en un agonisme.Ce dernier se distingue alors de l’antagonisme en tant qu’il ne renvoie plus à la confrontation entre ennemis, mais à celle opposant des « adversaires reconnaissant la légitimité de leurs revendications respectives ». Elle affirme ainsi que « le but d’une politique démocratique est de transformer l’antagonisme potentiel en une agonistique », agonistique au sein de laquelle les adversaires s’accordent sur les principes démocratiques de liberté et d’égalité, mais se confrontent sur la signification qu’il conviendrait de leur donner.